
En résumé :
- Le permis de rénovation n’est pas une formalité, c’est votre première protection contre un ordre de démolition.
- Des normes précises sur les escaliers, la ventilation et les prises électriques près de l’eau sont vitales pour votre sécurité et vos assurances.
- Au Québec, le monopole des maîtres électriciens est absolu; toucher à un fil vous-même peut annuler votre couverture en cas de sinistre.
- Les règlements de votre municipalité (zonage, arbres, etc.) sont aussi importants que le Code de construction provincial et peuvent bloquer votre projet.
Vous avez le goût de transformer votre maison. Vous poncez, vous mesurez, vous planifiez. C’est un projet excitant, mais une petite voix vous inquiète : et si je faisais une erreur? Une erreur qui pourrait coûter cher, être dangereuse, ou pire, être refusée par mes assurances en cas de pépin. Pendant mes 30 ans de carrière comme inspecteur en bâtiment au Québec, j’ai vu trop de propriétaires de bonne foi, passionnés par leur projet, se retrouver face à un mur. Un mur légal, financier ou même un ordre de démolition.
On vous dira de lire le Code de construction du Québec. Bonne chance. C’est un document dense, complexe, fait pour les professionnels. On vous conseillera aussi d’engager des experts, et c’est souvent la meilleure chose à faire. Mais si la véritable clé n’était pas de devenir un expert du Code, mais de devenir le premier inspecteur de votre propre chantier ? Si vous pouviez apprendre à repérer les drapeaux rouges, ces quelques points critiques qui représentent 80% des problèmes que j’ai rencontrés sur le terrain ?
Cet article n’est pas une liste exhaustive de toutes les normes existantes. C’est votre formation accélérée. Je vais vous transmettre mon expérience pour vous apprendre à voir votre maison avec l’œil d’un inspecteur. Nous allons passer en revue 8 « pièges » concrets, ces angles morts réglementaires, du permis de construire au droit de toucher à une simple prise électrique. L’objectif est simple : vous donner la confiance et les connaissances pour que votre projet de rénovation soit une réussite totale, sécuritaire et conforme, du premier coup de marteau jusqu’à la dernière couche de peinture.
Pour ceux qui préfèrent un complément technique, la vidéo suivante résume les changements importants apportés récemment au Code de construction, vous donnant un aperçu du langage des professionnels.
Pour naviguer facilement à travers les points d’inspection critiques que nous allons aborder, ce guide est structuré en huit sections claires. Chaque section représente un piège potentiel que vous apprendrez à identifier et à éviter.
Sommaire : Les points de contrôle essentiels pour une rénovation conforme au Québec
- La rénovation qui pourrait vous forcer à tout démolir : le permis, une étape non négociable
- Votre escalier est-il une source de danger ? Les 3 normes de sécurité à vérifier ce soir
- La norme sur les ventilateurs de salle de bain que 9 propriétaires ignorent
- À quelle distance du mur pouvez-vous vraiment installer votre poêle à bois ?
- Pourquoi les prises près de votre évier sont-elles différentes (et vitales) ?
- Votre projet d’agrandissement respecte-t-il le plan d’urbanisme de votre ville ?
- Changer une prise vs passer un fil : ce que la loi québécoise vous interdit de faire vous-même
- Au-delà du Code : ces règlements municipaux sur la rénovation que vous ignorent à vos risques et périls
La rénovation qui pourrait vous forcer à tout démolir : le permis, une étape non négociable
Le premier point de contrôle, et le plus fondamental, n’implique aucun outil. Il s’agit d’un simple appel à votre municipalité. Beaucoup de propriétaires pensent que le permis de construire n’est nécessaire que pour les grands chantiers, comme un agrandissement. C’est une erreur qui peut coûter une fortune. En réalité, dès que vous touchez à la structure (un mur porteur), que vous modifiez l’usage d’une pièce (transformer une chambre en salle de bain) ou même que vous refaites une galerie extérieure, un permis est presque toujours requis. L’ignorer, c’est s’exposer non seulement à des amendes substantielles pouvant aller de 350$ à 4000$, mais surtout à un ordre de la ville de cesser les travaux et, dans le pire des cas, de démolir ce que vous venez de construire à vos frais.
Le permis n’est pas une taxe déguisée; c’est une assurance qualité. Il force la validation de vos plans par un expert municipal qui s’assure de leur conformité avec le Code et les règlements de zonage. C’est une protection pour vous, pour la valeur de votre maison et pour votre sécurité. Un cas particulièrement délicat concerne les « droits acquis ». Comme le souligne l’avocate Isabelle Landry, spécialisée en droit immobilier, une rénovation majeure sur une propriété non conforme aux règles actuelles (par exemple, un chalet trop près d’un lac) peut vous faire perdre ces droits. En d’autres termes, en rénovant sans permis, vous pourriez être forcé de rendre votre bâtiment conforme, ce qui peut s’avérer impossible ou astronomiquement cher.
Les exemples de bâtiments qui ont probablement bénéficié de droits acquis sont nombreux : un chalet situé à l’intérieur d’une bande de protection riveraine, un bâtiment situé sur un terrain trop petit, une résidence implantée à proximité d’une falaise qui ne respecte pas la marge de recul.
– Isabelle Landry, avocate spécialisée en droit immobilier, Bureau du Conseil du Québec – Rénovations majeures : évitez que vos droits acquis ne s’envolent en poussière
Avant même d’acheter le premier 2×4, prenez votre téléphone. C’est l’action la plus rentable de tout votre projet.
Votre plan d’action pour le permis de rénovation
- Contactez votre municipalité : Appelez le service d’urbanisme pour expliquer votre projet et demander quelles sont les règles spécifiques à votre secteur et les documents requis.
- Identifiez la nature des travaux : Confirmez si vos travaux touchent à la structure, aux murs porteurs, à la superficie de plancher ou à l’usage d’une pièce. Si oui, le permis est quasi certain.
- Préparez votre dossier : Rassemblez les documents souvent demandés : certificat de localisation à jour, plans professionnels à l’échelle (faits par un architecte ou un technologue), et une estimation des coûts.
- Déposez la demande officielle : Soumettez votre dossier complet aux services d’urbanisme et payez les frais associés. Ne trichez pas sur les informations.
- Attendez le feu vert : Ne commencez AUCUN travaux avant d’avoir le permis officiel en main. Le délai peut varier de quelques semaines à plusieurs mois. La patience ici vous sauvera de bien des maux.
Votre escalier est-il une source de danger ? Les 3 normes de sécurité à vérifier ce soir
Maintenant, entrons à l’intérieur. Votre escalier. Vous l’utilisez tous les jours sans y penser, mais c’est l’un des endroits où les accidents domestiques sont les plus fréquents et les plus graves. Le Code de construction du Québec est extrêmement strict à ce sujet, et pour une bonne raison. Vous pouvez faire un premier diagnostic vous-même, ce soir, avec un simple ruban à mesurer. Trois points sont à vérifier absolument.
Premièrement, la hauteur des contremarches. C’est la dimension verticale entre chaque marche. Une variation, même minime, peut surprendre le pied et provoquer une chute. Le Code est précis : la hauteur doit être uniforme. Pour les escaliers intérieurs d’une maison unifamiliale, la norme a longtemps été de 200 mm maximum, mais les codes plus récents sont plus stricts. Par exemple, pour les escaliers dans les parties communes, le Code de construction du Québec 2020 a abaissé la limite. Une étude de GCR spécifie que pour les escaliers communs, la hauteur maximale de la contremarche est de 180 mm. Une hauteur excessive rend l’escalier inconfortable et dangereux. Deuxièmement, la profondeur de la marche (le giron) doit être d’au moins 235 mm pour assurer une surface d’appui suffisante. Troisièmement, le garde-corps. Il doit avoir une hauteur minimale de 920 mm (environ 36 pouces) pour empêcher un adulte de basculer. Plus critique encore, l’espacement entre les barreaux (les balustres) ne doit jamais dépasser 10 cm (4 pouces). C’est le fameux « test de la sphère » : si une sphère de 10 cm de diamètre peut passer, votre garde-corps n’est pas sécuritaire pour un enfant.
Ces détails peuvent sembler mineurs, mais un inspecteur en assurance ne les manquera pas. Un escalier non conforme est un vice qui peut compliquer la vente de votre maison ou, pire, être une cause d’exclusion de votre police d’assurance en cas d’accident.

Cette illustration montre précisément les points de mesure cruciaux. On y voit clairement la hauteur de la contremarche, la profondeur du giron, la hauteur du garde-corps et l’espacement vital entre les barreaux. C’est la géométrie de la sécurité, et chaque millimètre compte. Un escalier qui a l’air « beau » mais qui ne respecte pas ces dimensions est un danger caché à la vue de tous.
La norme sur les ventilateurs de salle de bain que 9 propriétaires ignorent
On quitte les dangers visibles pour un ennemi invisible : l’humidité. La rénovation d’une salle de bain est l’un des projets les plus populaires. On choisit la céramique, la vanité, la douche… mais on oublie souvent l’élément le plus important pour la durabilité du bâtiment et la santé des occupants : la ventilation. Beaucoup pensent que le ventilateur est optionnel, ou qu’un petit modèle bon marché fera l’affaire. C’est une erreur. Le Code de construction du Québec est formel : toute salle de bain avec une baignoire ou une douche doit obligatoirement être équipée d’un ventilateur d’extraction mécanique.
Et pas n’importe lequel. La norme ne s’arrête pas à la simple présence du ventilateur. Elle impose une capacité minimale d’extraction. Comme le souligne l’organisme Éco-Habitation, spécialisé en bâtiment durable, la présence d’un ventilateur est obligatoire avec une capacité minimale de 25 L/s (litres par seconde), soit environ 50 CFM (pieds cubes par minute). Cette puissance est nécessaire pour évacuer efficacement la vapeur d’eau générée par une douche chaude. Sans cela, l’humidité s’infiltre dans les murs, les plafonds, et crée un terrain de jeu idéal pour les moisissures. Ces dernières peuvent causer des problèmes respiratoires graves et endommager la structure même de votre maison, une dégradation lente et silencieuse.
De plus, le conduit d’évacuation doit absolument sortir à l’extérieur de la maison. Je vois encore trop d’installations où le ventilateur pousse l’air humide dans les combles (l’entretoit) ou dans le soffite. C’est une bombe à retardement. En hiver, cet air chaud et humide condense sur la structure de bois froide du toit, créant de la pourriture et de la glace. L’évacuation doit être directe vers l’extérieur, via un clapet mural ou de toiture bien isolé.

L’excès d’humidité confiné dans une salle de bain peut entraîner des niveaux élevés de polluants et de moisissures nuisibles à la santé et aux matériaux. Une ventilation efficace évacuant l’air vicié directement vers l’extérieur est donc essentielle et constitue un élément obligatoire.
– Éco-Habitation, organisme de certification en bâtiment durable au Québec, Guide d’installation d’un ventilateur de salle de bain conforme
Investir dans un bon ventilateur, correctement dimensionné et installé, n’est pas une dépense, c’est une protection essentielle pour votre investissement immobilier et votre santé.
À quelle distance du mur pouvez-vous vraiment installer votre poêle à bois ?
Avec l’arrivée du froid, rien ne vaut la chaleur d’un poêle à bois. C’est un ajout magnifique à une maison, mais c’est aussi une source potentielle d’incendie si l’installation n’est pas faite dans les règles de l’art. La question que l’on me pose le plus souvent est : « À quelle distance du mur puis-je l’installer ? ». La réponse n’est pas simple, car elle dépend du type de poêle, du type de mur et de la présence ou non d’une protection murale. Installer un poêle trop près d’un mur combustible (comme un mur en gypse avec une charpente de bois) est l’une des erreurs les plus dangereuses que vous puissiez faire. La chaleur radiante peut, avec le temps, assécher le bois à l’intérieur du mur jusqu’à son point d’auto-inflammation, déclenchant un incendie sans même qu’une flamme ne touche le mur.
La norme de référence au Canada est la CSA B365, « Installation d’appareils à combustible solide et de matériel connexe ». Le Code de construction du Québec y fait directement référence. En règle générale, pour un poêle non certifié (plus rare aujourd’hui) ou sans les instructions du fabricant, un dégagement de 1200 mm (environ 48 pouces) de tout matériau combustible est requis. Pour les poêles modernes certifiés, vous devez suivre à la lettre les dégagements spécifiés sur la plaque d’homologation de l’appareil. Ces distances peuvent être réduites si vous installez un écran pare-chaleur, lui aussi certifié, entre le poêle et le mur. Mais attention, un simple panneau de tôle ou une rangée de briques ne constitue pas une protection adéquate si l’air ne peut pas circuler derrière pour dissiper la chaleur.
Plus important encore, il y a l’enjeu de l’assurance. Comme le rappellent les spécialistes, une installation non conforme est un motif de refus de couverture quasi automatique.
L’installation doit respecter la norme CSA B365 et être conforme au Code de construction du Québec. Sans preuve d’installation professionnelle conforme, l’assurance habitation peut refuser de couvrir les dommages causés par un incendie lié au poêle.
– Xpert Source – Spécialiste en assurance habitation pour installations de chauffage, Poêle à bois et assurance habitation : ce que vous devez savoir
Le tableau suivant résume les principes de base, mais rappelez-vous que la plaque de certification de votre poêle a toujours le dernier mot.
Ce tableau, basé sur les principes de la norme CSA B365, donne un aperçu général des dégagements à respecter. Toutefois, il est impératif de consulter la plaque de certification de votre appareil spécifique, car elle prévaut sur toute règle générale.
| Type de mur | Avec écran pare-chaleur certifié | Sans écran pare-chaleur |
|---|---|---|
| Mur combustible (bois) | Dépend du poêle et de l’écran certifiés | Minimum 3 pieds selon CSA B365 |
| Mur non-combustible (béton, brique) | Réduit selon certification | Minimum 2 pieds selon CSA B365 |
| Protection de plancher (en avant du poêle) | Dimensionné selon norme CSA B365 | Surface non-combustible requise |
Pourquoi les prises près de votre évier sont-elles différentes (et vitales) ?
Regardez les prises électriques dans votre cuisine ou votre salle de bain. Vous remarquerez peut-être que certaines ont deux petits boutons au milieu, « Test » and « Reset ». Ce ne sont pas des prises ordinaires. Ce sont des disjoncteurs différentiels de fuite à la terre (DDFT), ou GFCI en anglais. Leur présence n’est pas un choix esthétique, c’est une exigence de sécurité vitale imposée par le Code de l’électricité, qui fait partie du Code de construction du Québec. Leur rôle ? Vous sauver la vie.
L’eau et l’électricité ne font pas bon ménage, tout le monde le sait. Un appareil électrique défectueux (un séchoir, un grille-pain) dont le boîtier devient accidentellement sous tension peut transformer une situation banale en tragédie si vous le touchez avec les mains mouillées ou en étant en contact avec l’eau de l’évier. Le courant électrique cherchera le chemin le plus court vers la terre, et ce chemin, ce sera votre corps. Un disjoncteur ordinaire dans votre panneau ne réagira pas, car il n’y a pas de surcharge. Le DDFT, lui, est conçu pour détecter une infime fuite de courant (de l’ordre de quelques milliampères) et couper l’alimentation en une fraction de seconde, bien avant que le choc ne devienne mortel.
Le Code est très clair sur leur emplacement. La Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ) précise que toute prise située à moins de 1,5 mètre d’un évier, d’une baignoire ou d’une cabine de douche doit être protégée par un DDFT. Cela inclut les prises de comptoir de cuisine, les prises de salle de bain et les prises extérieures exposées aux intempéries. Dans les salles de bain, l’exigence est encore plus stricte : TOUTES les prises doivent être protégées, peu importe la distance. Il est crucial de comprendre que cette protection est non négociable lors d’une rénovation.
Le DDFT est un dispositif de sécurité qui détecte toute fuite de courant vers la terre et coupe immédiatement l’alimentation. Sans cette protection, une prise mouillée peut causer une décharge électrique grave, voire mortelle. Le DDFT offre une protection qu’aucun disjoncteur ordinaire ne peut fournir.
– Multi-Prévention – Organisme de prévention des risques professionnels au Québec, Fiche technique : Disjoncteur différentiel de fuite à la terre (DDFT)
Lors de votre rénovation, si vous ajoutez ou déplacez une prise près d’un point d’eau, assurez-vous que celle-ci est de type DDFT ou qu’elle est protégée par un disjoncteur DDFT au panneau. C’est un petit coût pour une protection inestimable.
Votre projet d’agrandissement respecte-t-il le plan d’urbanisme de votre ville ?
Vous avez obtenu votre permis de construire pour un agrandissement, félicitations ! Mais le Code de construction n’est qu’une partie de l’équation. L’autre, tout aussi importante, est le règlement de zonage de votre municipalité. C’est ce document qui dicte ce que vous avez le droit de construire sur votre terrain, où vous pouvez le construire, et à quoi cela doit ressembler. Ignorer ces règles peut mener à des conflits coûteux avec la ville et les voisins, et même à un ordre de modifier ou de démolir votre nouvelle structure.
Chaque municipalité divise son territoire en zones (résidentielle, commerciale, etc.) et attache à chaque zone une grille de spécifications. Avant de dessiner le premier plan d’un agrandissement, d’un garage ou même d’une grande remise, vous devez devenir un expert de la grille de votre propre terrain. Les paramètres les plus importants à vérifier sont les suivants : les marges de recul (distances minimales à respecter entre votre construction et la rue, les limites latérales et arrière de votre terrain), le coefficient d’emprise au sol (le pourcentage maximal de votre terrain qui peut être couvert par un bâtiment) et la hauteur maximale autorisée (en étages ou en mètres).
Comme l’indique le gouvernement du Québec, ce pouvoir de zoner est discrétionnaire et vise à assurer une harmonie sur le territoire. Il prime sur la « loi du marché » ou sur ce qui vous semblerait logique. Ce n’est pas parce que votre voisin a un garage détaché que vous y avez automatiquement droit.
Le tableau ci-dessous détaille ces paramètres clés. Vous trouverez ces informations précises dans le règlement de zonage disponible sur le site web de votre ville ou en contactant directement le service d’urbanisme.
| Paramètre de zonage | Description | Impact sur votre projet |
|---|---|---|
| Marge de recul avant | Distance minimale entre la rue et la façade avant | Détermine l’emplacement possible d’une extension |
| Marge de recul latérale | Distance minimale entre les limites latérales du terrain et le bâtiment | Affecte la largeur maximale d’agrandissement |
| Marge de recul arrière | Distance minimale entre l’arrière du terrain et la structure | Limite les extensions vers l’arrière |
| Coefficient d’emprise au sol (CES) | Pourcentage maximal du terrain que le bâtiment peut couvrir | Restreint la surface totale possible de la maison |
| Hauteur maximale | Nombre d’étages ou hauteur en mètres autorisée | Détermine si un étage supplémentaire est possible |
Dans certains quartiers historiques ou protégés, les règles vont encore plus loin. Les Plans d’Implantation et d’Intégration Architecturale (PIIA) peuvent dicter les matériaux de revêtement, la couleur des portes et fenêtres, et même le style des corniches. Des secteurs comme le Plateau Mont-Royal à Montréal sont célèbres pour ces exigences qui visent à préserver le cachet architectural.
Changer une prise vs passer un fil : ce que la loi québécoise vous interdit de faire vous-même
Voici le point qui surprend le plus les bricoleurs avertis. Au Québec, la législation sur les travaux électriques est l’une des plus strictes en Amérique du Nord. Contrairement à d’autres provinces où un propriétaire-occupant peut effectuer certains travaux électriques lui-même, ici, la règle est simple et sans appel : seul un maître électricien membre de la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ) a le droit d’exécuter des travaux électriques. C’est ce qu’on appelle le monopole des maîtres électriciens, encadré par la Loi sur le bâtiment.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vous ? Cela veut dire que, légalement, vous n’avez même pas le droit de remplacer une prise de courant défectueuse, d’installer un nouveau luminaire ou de brancher un nouveau circuit pour votre sous-sol. La seule chose que la loi vous autorise à faire est de changer une ampoule. Bien sûr, dans la pratique, beaucoup de gens remplacent un luminaire eux-mêmes. Mais le risque n’est pas de se faire prendre par la « police de l’électricité ». Le vrai risque est financier et concerne vos assurances.
Comme le confirme la CMEQ, cette loi vise à garantir la sécurité du public. Un mauvais branchement peut causer un incendie des années plus tard. Et en cas de sinistre, soyez certain que l’expert de votre compagnie d’assurance cherchera l’origine du problème. S’il découvre que l’incendie a été causé par des travaux électriques non conformes ou effectués par une personne non qualifiée, c’est un motif de refus de couverture. Votre assurance habitation pourrait être complètement invalidée, vous laissant avec la totalité des pertes.
Si vous effectuez des travaux électriques non déclarés ou effectués par un non-professionnel, l’assurance habitation refusera de couvrir tout sinistre électrique causé par ces travaux, même si le sinistre semble sans lien direct. C’est un motif de dénégation courant.
– Experts en assurance habitation au Québec, Guide des travaux de rénovation et implications sur l’assurance
Le tableau suivant clarifie ce qui est permis versus ce qui est strictement réservé aux professionnels.
| Travail électrique | Autorisé pour propriétaire occupant | Réserve aux maîtres électriciens |
|---|---|---|
| Changer une ampoule | ✓ Oui | N/A |
| Remplacer un luminaire existant | Techniquement illégal, mais parfois toléré | ✓ Réservé à titre légal |
| Ajouter un nouveau circuit électrique | ✗ Interdit | ✓ OBLIGATOIRE |
| Installer une borne de recharge pour VÉ | ✗ Interdit | ✓ OBLIGATOIRE |
| Remplacer une prise existante | Illégal de facto | ✓ RÉSERVÉ |
| Ajouter une prise DDFT | ✗ Interdit | ✓ OBLIGATOIRE |
À retenir
- Le permis d’abord : C’est votre première ligne de défense légale et financière. Ne jamais commencer un chantier sans avoir le document officiel en main.
- Le monopole électrique est absolu : Au Québec, tout ce qui dépasse le changement d’une ampoule est l’affaire exclusive d’un maître électricien. Le faire soi-même est un pari risqué avec vos assurances.
- La ville a le dernier mot : Les règlements municipaux sur le zonage, l’architecture (PIIA) ou même l’abattage d’arbres sont aussi contraignants que le Code provincial. L’information locale est primordiale.
Au-delà du Code : ces règlements municipaux sur la rénovation que vous ignorent à vos risques et périls
Vous pensez avoir tout couvert : votre permis est affiché, votre escalier est sécuritaire et votre maître électricien est réservé. Bravo, vous avez évité les pièges les plus courants. Mais mon expérience m’a appris qu’il existe une dernière couche de réglementation, souvent locale et méconnue, qui peut transformer un projet bien parti en casse-tête. Ce sont ces « angles morts » que je veux éclairer pour vous.
Par exemple, l’insonorisation. Si vous rénovez un duplex, un condo ou même un sous-sol pour en faire un logement (bi-génération), vous devez respecter des normes d’insonorisation strictes entre les logements. Le Code national du bâtiment, appliqué au Québec, exige que les murs et planchers mitoyens aient un indice de transmission du son (ITS) d’au moins 50. Cela requiert des assemblages de murs spécifiques (doubles cloisons, barres résilientes, etc.). Ignorer cette norme peut mener à des poursuites de vos voisins pour troubles de voisinage et à un ordre de la cour de refaire les murs.
Un autre exemple est le radon, un gaz radioactif invisible et inodore qui s’infiltre par le sol et qui est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme. Certaines régions du Québec, comme la Montérégie, sont plus à risque. Le Code exige maintenant des mesures préventives dans les nouvelles constructions, mais de plus en plus de municipalités imposent des règles lors de rénovations de sous-sol, comme l’installation d’une colonne de dépressurisation. Pensez à vérifier si votre municipalité est dans une zone à risque.
Enfin, ne sous-estimez jamais les règlements sur l’environnement extérieur de votre maison. Vous voulez abattre un vieil arbre pour faire place à votre nouvelle terrasse ? Il vous faudra presque certainement un permis. Vous voulez planter une haie ou un arbre à croissance rapide ? Attention aux distances minimales. Certaines essences, comme le saule pleureur ou le peuplier, sont de véritables « chercheurs d’eau » et leurs racines peuvent détruire votre drain français ou votre fosse septique. Des municipalités interdisent leur plantation à moins de 15 mètres des infrastructures souterraines.
Ces exemples montrent que le travail d’un propriétaire diligent ne s’arrête pas au Code provincial. Chaque municipalité a ses propres particularités. Le réflexe doit toujours être le même : un appel au service d’urbanisme et de l’environnement de votre ville avant de commencer.
Pour mettre en pratique ces conseils et vous assurer que votre projet respecte toutes les règles de l’art, l’étape suivante consiste à valider vos plans avec un professionnel qualifié ou le service d’urbanisme de votre ville avant le premier coup de marteau.
Questions fréquentes sur les normes de rénovation au Québec
Quelle est la profondeur minimale requise d’un giron (la marche) selon le Code québécois ?
Selon le Code de construction du Québec, la profondeur minimale du giron est de 235 mm (mesurée d’une contremarche à la suivante). Cette dimension garantit une surface suffisante pour poser le pied en toute sécurité.
Quel est l’espace maximal permis entre les barreaux d’un garde-corps ?
L’espacement maximal entre les barreaux doit être de 10 cm (le test de la sphère de 10 cm). Cette règle prévient que les enfants ne passent leur tête entre les barreaux. C’est une norme critique pour la sécurité des enfants.
Les escaliers en colimaçon sont-ils autorisés comme escalier principal au Québec ?
Les escaliers hélicoïdaux ne sont autorisés comme escalier principal que sous certaines conditions strictes. Vérifiez auprès de votre municipalité, car plusieurs territoires les limitent ou les interdisent en tant qu’escalier de secours ou passage principal dans certains types de bâtiments.
Une prise DDFT protège-t-elle contre les surcharges électriques ?
Non. Le DDFT ne protège que contre les chocs électriques causés par une fuite de courant (défaut de mise à la terre). Il n’offre aucune protection contre les surcharges ou courts-circuits. Pour ces risques, vous avez besoin d’un disjoncteur conventionnel.
Toutes les prises de salle de bain doivent-elles être DDFT ?
Oui. Selon le Code du Québec, TOUTES les prises de salle de bain doivent être protégées par un DDFT, peu importe la distance d’une source d’eau, en raison du taux d’humidité constant dans cette pièce.
Dois-je installer un DDFT sur une prise située à 2 mètres d’un évier ?
Non. L’exigence DDFT s’applique uniquement pour les prises situées à MOINS de 1,5 mètre d’un évier. Au-delà de cette distance, une prise ordinaire peut être utilisée (sauf en salle de bain où l’exigence s’applique partout).