Publié le 11 mars 2024

Penser économiser en rénovant soi-même au Québec est souvent un calcul erroné qui ignore les coûts cachés, les risques légaux et la perte de valeur de votre propriété.

  • Un professionnel licencié assure la conformité aux normes du bâtiment, gère les permis et active des protections légales (cautionnement, assurances) inaccessibles à l’amateur.
  • Le « fait maison » implique une charge de travail colossale, des risques d’erreurs coûteuses et une plus-value immobilière souvent inférieure à celle d’une rénovation garantie.

Recommandation : Avant de soulever un marteau, évaluez la valeur totale de la tranquillité d’esprit, de la sécurité et de la qualité qu’un entrepreneur certifié vous apporte. C’est un investissement dans votre patrimoine.

L’attrait est indéniable. Devant l’ampleur d’un projet de rénovation, l’idée de mettre la main à la pâte pour économiser des milliers de dollars en main-d’œuvre semble être du gros bon sens. Les émissions de télévision et les tutoriels en ligne nous montrent des transformations spectaculaires, nous laissant croire qu’avec un peu de volonté, tout est possible. Cette vision romantique du « fait maison » est une des plus grandes illusions du monde de la rénovation résidentielle au Québec. Car la vraie question n’est pas « combien j’économise maintenant ? », mais plutôt « combien une erreur pourrait-elle me coûter plus tard ? ».

En tant qu’entrepreneur d’expérience, j’ai vu les deux côtés de la médaille. J’ai vu la fierté des propriétaires ayant mené à bien de petits projets. Mais j’ai aussi été appelé à la rescousse pour réparer des catastrophes nées d’une ambition dépassant l’expertise : des murs porteurs abattus sans calcul, de la plomberie défaillante ayant causé des dégâts d’eau majeurs, ou des installations électriques non conformes représentant un danger d’incendie. Ces situations transforment rapidement le rêve d’économie en un cauchemar financier et légal.

Cet article n’est pas là pour vous décourager, mais pour vous éclairer. Mon objectif est de vous donner les clés pour faire un choix informé, en agissant comme un mentor. Nous allons déconstruire le mythe de l’économie à tout prix. Nous analyserons la « valeur invisible » d’un professionnel : sa capacité à gérer les risques, à naviguer dans le labyrinthe réglementaire québécois, à optimiser votre budget et, au final, à garantir non seulement la qualité de vos travaux, mais aussi votre tranquillité d’esprit. Car engager un expert n’est pas une dépense superflue ; c’est le premier et le plus important investissement dans la pérennité et la valeur de votre maison.

Pour vous aider à naviguer dans cette décision cruciale, nous avons structuré ce guide pour aborder chaque facette du dilemme. De l’évaluation des risques aux subtilités d’un contrat en passant par la vérification d’un entrepreneur, vous aurez une vision complète pour faire le choix le plus judicieux pour votre projet et votre portefeuille.

L’erreur de bricolage à 10 000$ (et comment l’éviter)

L’une des plus grandes erreurs est de ne voir que le coût initial de la main-d’œuvre. On se dit : « Je sauve 10 000$ en faisant la plomberie moi-même ». Ce que ce calcul ignore, c’est le coût de l’ignorance. Une seule soudure mal faite, un raccord mal serré, et c’est un dégât d’eau qui peut survenir des mois plus tard. La facture pour réparer les planchers, les murs, décontaminer la moisissure et remplacer le mobilier dépassera très vite ces 10 000$ « économisés ». Et c’est sans compter le stress et les tracas.

Le véritable danger se cache dans les détails que seul un professionnel maîtrise. Par exemple, saviez-vous que de nombreuses polices d’assurance habitation au Québec contiennent des clauses spécifiques sur les rénovations ? En effet, il est prouvé que les assureurs pourraient refuser de couvrir des dommages résultant de travaux majeurs non déclarés ou effectués par une personne non qualifiée. Votre économie se transforme alors en une perte sèche et totale.

L’expérience de certains propriétaires est un avertissement puissant, comme en témoigne ce cas vécu :

« On a voulu refaire notre salle de bain du sous-sol nous-mêmes pour sauver sur le budget. Tout semblait parfait. Six mois plus tard, une odeur d’humidité. Le drain de douche qu’on avait installé fuyait lentement dans la structure. Résultat : 15 000$ de travaux pour tout arracher, traiter la moisissure et recommencer. Le plombier nous a dit que l’angle de la pente était incorrect d’un seul degré. Une erreur invisible qui nous a coûté une fortune. »

– Un propriétaire de la Rive-Sud de Montréal

L’erreur à 10 000$ n’est donc pas une dépense unique. C’est une dette de rénovation que vous contractez. Un professionnel ne vous vend pas seulement son temps ; il vous vend une assurance contre ces risques. Son expertise, c’est la garantie que le travail est fait selon les normes du Code du bâtiment, avec les bons matériaux et les bonnes techniques, vous protégeant ainsi de conséquences financières désastreuses à long terme.

Architecte, designer, entrepreneur : qui fait quoi et de qui avez-vous vraiment besoin ?

L’un des premiers signes d’un projet de rénovation bien engagé est de comprendre que « professionnel » est un terme général. Selon l’ampleur et la nature de vos travaux, différents experts entrent en jeu. Confondre leurs rôles est une erreur fréquente qui peut mener à des problèmes de planification et à des coûts imprévus. Un entrepreneur général n’est pas un architecte, et un designer ne fait pas le travail d’un ingénieur en structure. Chacun possède une expertise cruciale et complémentaire.

Équipe de professionnels de la rénovation en réunion sur un chantier résidentiel québécois

L’architecte est le visionnaire de la structure. Si vous touchez à l’enveloppe du bâtiment, déplacez des murs porteurs ou modifiez la façade, son intervention est souvent obligatoire et toujours recommandée. Il conçoit les plans, s’assure de la conformité aux règlements d’urbanisme et peut superviser la qualité de l’exécution. Le designer d’intérieur, lui, se concentre sur l’aménagement, l’esthétique et la fonctionnalité des espaces intérieurs. Il choisit les matériaux, les couleurs, l’éclairage et le mobilier pour créer une ambiance harmonieuse. Enfin, l’entrepreneur général est le chef d’orchestre. C’est lui qui concrétise la vision de l’architecte et du designer, en coordonnant les différents corps de métier (plombier, électricien, plâtrier…), en gérant le calendrier et en s’assurant que le chantier se déroule de manière sécuritaire et efficace.

Pour des rénovations d’envergure, ces trois professionnels travaillent en synergie. Engager le bon expert pour la bonne tâche est la première étape pour éviter les dérapages. Voici un aperçu pour vous aider à y voir plus clair :

Rôles et responsabilités des professionnels de la rénovation au Québec
Professionnel Rôle principal Exigences légales/Certification (QC)
Architecte Conception des plans, modifications structurelles, permis de construire Membre de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ) obligatoire
Technologue professionnel Assistance à la conception, plans pour projets de moindre envergure Membre de l’Ordre des technologues professionnels du Québec (OTPQ)
Ingénieur en structure Calculs de charge, validation des modifications aux murs porteurs et à la charpente Membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) obligatoire
Entrepreneur général Gestion et exécution du chantier, coordination des sous-traitants Licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) obligatoire
Designer d’intérieur Aménagement, esthétique et fonctionnalité des espaces intérieurs Certification APDIQ recommandée pour garantir la compétence

Ne pas engager un architecte pour modifier un mur porteur ou demander à votre entrepreneur de faire des choix de design complexes, c’est prendre un risque. Le premier est un risque pour la sécurité de votre maison, le second pour la cohérence et la valeur de votre investissement esthétique.

Le guide ultime pour vérifier si votre entrepreneur est fiable et légal

Au Québec, la chance que nous avons est un cadre réglementaire robuste conçu pour protéger les consommateurs : la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Ignorer cet outil est la plus grande erreur qu’un propriétaire puisse commettre. Un entrepreneur qui vous propose de travailler « au noir » pour « vous faire économiser les taxes » n’est pas votre ami. C’est une personne qui vous expose à des risques immenses. Sans licence RBQ valide, pas de cautionnement, pas de recours facile, et souvent, pas d’assurance responsabilité adéquate.

La licence RBQ n’est pas qu’un simple bout de papier. C’est la preuve que l’entrepreneur possède les qualifications professionnelles, la probité et la solvabilité nécessaires. Plus important encore, elle est assortie d’un cautionnement. Cela signifie que tout entrepreneur licencié par la RBQ détient une protection financière qui peut vous indemniser en cas de malfaçons, de travaux non terminés ou de fraude. C’est un filet de sécurité concret que vous perdez entièrement en traitant avec quelqu’un de non licencié. Le petit montant économisé sur les taxes devient alors une prime de risque démesurément élevée.

Vérifier un entrepreneur n’est pas un acte de méfiance, c’est un acte de diligence. C’est votre responsabilité de propriétaire de vous assurer que vous confiez votre plus grand actif à une personne compétente et en règle. Le processus est simple et entièrement accessible en ligne. Suivre ces étapes vous prendra moins de 30 minutes, mais pourrait vous sauver de mois, voire d’années de problèmes.

Votre plan d’action pour valider un entrepreneur au Québec

  1. Vérifier la licence RBQ : Demandez le numéro de licence et validez-le sur le site officiel de la RBQ. Assurez-vous que la licence est « en vigueur ».
  2. Examiner les sous-catégories : Une licence générale ne suffit pas toujours. Vérifiez que l’entrepreneur détient les sous-catégories spécifiques requises pour vos travaux (ex: 15.1 pour la plomberie, 16.0 pour l’électricité).
  3. Consulter l’historique : Le registre de la RBQ indique si des réclamations ont été faites contre l’entrepreneur. C’est un indicateur précieux de son historique de service.
  4. Vérifier les assurances : Demandez une preuve d’assurance responsabilité civile d’au moins 2 millions de dollars et contactez l’assureur pour confirmer sa validité.
  5. Consulter l’OPC : Utilisez l’outil « Se renseigner sur un commerçant » de l’Office de la protection du consommateur pour voir s’il a fait l’objet de plaintes.
  6. Valider au REQ : Confirmez que son entreprise est bien immatriculée et active au Registraire des entreprises du Québec (REQ).

Le contrat de rénovation : les clauses qui vous protègent (et celles qui devraient vous alerter)

Après avoir trouvé l’entrepreneur idéal, la tentation est grande de se fier à une poignée de main et à un devis griffonné sur un coin de table. C’est une erreur monumentale. Le contrat de rénovation n’est pas une formalité administrative ; c’est le document le plus important de votre projet. C’est votre bouclier légal, la feuille de route partagée et la définition claire des attentes de chacun. Un entrepreneur sérieux insistera lui-même pour avoir un contrat détaillé.

Au Québec, l’entrepreneur a une obligation de résultat. Comme le stipule le Code civil, le travail doit être conforme à ce qui a été convenu dans le contrat, aux règles de l’art et aux normes en vigueur. En cas de défaut, de malfaçon ou de non-respect du devis, l’entrepreneur est légalement responsable. Mais pour faire valoir ce droit, il faut une preuve écrite de ce qui a été convenu. Sans contrat détaillé, prouver une non-conformité devient une bataille de « parole contre parole » extrêmement difficile à gagner.

Un bon contrat doit inclure, au minimum : les coordonnées complètes des deux parties, le numéro de licence RBQ de l’entrepreneur, une description très détaillée des travaux à effectuer (pièce par pièce, incluant les modèles et marques des matériaux), le calendrier de début et de fin des travaux, le coût total et l’échéancier de paiement précis, ainsi que la preuve d’assurance. Une clause qui devrait vous alerter immédiatement est une demande d’acompte exorbitant. Un dépôt de 10-15% est standard, mais un entrepreneur qui demande 50% d’avance avant même d’avoir commencé est un signal d’alarme majeur. En cas de litige, vous avez des recours. Vous pouvez notamment vous tourner vers la Division des petites créances pour obtenir réparation, pourvu que la valeur du litige ne dépasse pas 15 000$.

Voici les clauses essentielles à rechercher et celles qui doivent vous faire fuir :

  • Clauses protectrices : Description exhaustive des travaux, échéancier de paiement progressif lié à l’avancement des travaux, clause de gestion des changements (avenants écrits et signés pour tout extra), garanties offertes sur la main-d’œuvre et les matériaux.
  • Clauses d’alerte : Paiement total ou majoritaire exigé d’avance, description vague des travaux (« rénovation de la cuisine »), absence de date de fin, clauses qui limitent la responsabilité de l’entrepreneur en cas de malfaçon.

Le vrai calcul du « fait maison » : quand économiser sur la main-d’oeuvre coûte finalement plus cher

Le calcul le plus trompeur du « fait maison » (DIY) est celui qui s’arrête à la ligne « coût des matériaux ». Pour avoir une image juste, il faut adopter une approche de coût total de possession, qui inclut des facteurs souvent invisibles : le temps, les outils, les erreurs, la charge mentale et l’impact sur la valeur de revente. Quand on met tous ces éléments dans la balance, l’économie apparente du DIY fond rapidement.

Premièrement, le temps. Un professionnel, avec son équipe et son expérience, peut réaliser en quelques semaines un projet qui prendra des mois de soirées et de fins de semaine à un amateur. Ce temps n’est pas « gratuit ». C’est du temps que vous ne passez pas avec votre famille, à vous reposer ou à vous consacrer à vos propres activités professionnelles. Deuxièmement, les outils. Un pro arrive avec un arsenal d’équipements spécialisés et coûteux, ce qui garantit efficacité et précision. L’amateur devra louer ou acheter des outils pour un usage unique, ajoutant des coûts non prévus. Troisièmement, le prix des matériaux. Les entrepreneurs bénéficient souvent de rabais professionnels inaccessibles aux particuliers. L’économie que vous pensez faire en achetant vous-même vos matériaux est souvent marginale, voire nulle.

Propriétaire calculant les coûts cachés d'une rénovation DIY dans son sous-sol québécois

Le point le plus crucial est la valeur ajoutée à la revente. Une rénovation effectuée par un entrepreneur réputé, avec factures et garanties à l’appui, est un argument de vente puissant qui peut justifier un prix de vente plus élevé. Une rénovation « maison », même si elle est esthétiquement réussie, peut soulever des doutes chez un acheteur potentiel et son inspecteur. Le tableau suivant illustre bien cette différence sur un projet commun :

La comparaison des coûts pour l’installation d’un plancher chauffant révèle l’écart entre une approche DIY et une exécution professionnelle. Les chiffres montrent que si le coût initial peut sembler plus bas en le faisant soi-même, les bénéfices à long terme, la durabilité et la valeur ajoutée penchent nettement en faveur du professionnel.

Comparaison des coûts et bénéfices : Installation d’un plancher chauffant
Aspect Installation DIY Installation Professionnelle
Coût initial (matériaux) 20-35$/pi² 40-80$/pi² (tout inclus)
Temps d’installation estimé Plusieurs mois (temps partiel) Quelques semaines
Garantie et conformité Aucune, risque de non-conformité Garantie sur l’installation et les matériaux, conformité assurée
Valeur ajoutée à la revente Faible à modérée, peut soulever des inquiétudes Élevée, argument de vente solide avec factures

Le questionnaire infaillible pour choisir le bon entrepreneur et éviter les arnaques

Le processus de sélection d’un entrepreneur ne doit pas être passif. Ne vous contentez pas de recevoir un devis. Vous devez mener un véritable entretien d’embauche. C’est vous le client, et vous confiez un projet de plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de dollars. Votre rôle est de poser les bonnes questions pour sonder non seulement la compétence technique de l’entrepreneur, mais aussi son professionnalisme, sa communication et sa fiabilité.

Un entrepreneur sérieux et légitime appréciera un client informé et posant des questions pertinentes. Il y verra le signe d’un partenariat sérieux. À l’inverse, celui qui est évasif, qui s’impatiente ou qui tente de balayer vos questions d’un revers de la main est un immense drapeau rouge. N’oubliez pas qu’il est possible d’effectuer soi-même certains travaux ; par exemple, des travaux de rénovation de moins de 20 000$ ne requièrent pas de licence RBQ pour un propriétaire-occupant, mais cela comporte des risques et des obligations. Pour tout ce qui est plus complexe, l’expertise d’un pro est non-négociable.

Voici les questions fondamentales que vous devez poser à chaque candidat entrepreneur. Ne vous contentez pas d’un « oui » ou d’un « non ». Écoutez attentivement la façon dont il répond. La clarté et la transparence de ses réponses en disent long.

  • « Pouvez-vous me fournir votre numéro de licence RBQ et m’expliquer les sous-catégories qui s’appliquent à mon projet ? » Un professionnel doit pouvoir vous donner son numéro sur-le-champ et expliquer pourquoi ses qualifications correspondent précisément à vos travaux. C’est la question de base.
  • « Quelle est votre couverture d’assurance responsabilité civile et pouvez-vous me fournir une attestation valide ? » Il doit vous montrer une preuve d’assurance d’au moins 2 millions de dollars. N’hésitez pas à appeler la compagnie d’assurance pour vérifier que la police est bien active.
  • « Comment gérez-vous les changements et les imprévus en cours de projet ? » La bonne réponse implique un processus formel : un « avenant au contrat » écrit, détaillant les coûts et le nouvel échéancier, qui doit être approuvé et signé par vous avant que tout travail supplémentaire ne soit effectué. Méfiez-vous du « on s’arrangera au fur et à mesure ».
  • « Avec quels sous-traitants (électricien, plombier) travaillez-vous habituellement et sont-ils également licenciés ? » Un bon entrepreneur général a un réseau de confiance de spécialistes qualifiés et n’hésitera pas à vous donner leurs noms et leurs licences.
  • « Pouvez-vous me fournir les références de deux ou trois projets similaires au mien que vous avez terminés récemment ? » Et faites le suivi ! Appelez ces anciens clients. Demandez-leur si les délais et le budget ont été respectés, et comment la communication avec l’entrepreneur s’est passée.

Le « deuxième emploi » caché : le vrai nombre d’heures que vous coûtera la gestion de vos rénos

L’un des coûts les plus sous-estimés du projet de rénovation en mode solo est le temps de gestion. Beaucoup de propriétaires pensent au temps passé à peindre ou à poser un plancher, mais oublient complètement les centaines d’heures consacrées à ce qui constitue un véritable « deuxième emploi » non rémunéré : la gestion de projet. Quand vous n’engagez pas d’entrepreneur général, vous devenez l’entrepreneur général.

Cette charge de travail se décompose en de multiples tâches chronophages et stressantes. Il faut planifier chaque étape dans le bon ordre (on ne peint pas avant de sabler). Il faut trouver, contacter, négocier avec et coordonner les différents corps de métier : le plombier peut-il venir mardi, après que l’électricien ait fini, mais avant que le plâtrier ne commence ? Il faut commander les matériaux, gérer les livraisons, vérifier les quantités. Et que faites-vous si la céramique livrée n’est pas la bonne ? C’est à vous de gérer le retour, la nouvelle commande, et le retard que cela engendre sur tout le chantier.

Chaque imprévu, chaque question d’un sous-traitant, chaque décision à prendre devient une interruption dans votre journée de travail ou votre vie de famille. Un entrepreneur absorbe 95% de ce stress. Son travail consiste précisément à anticiper les problèmes, à fluidifier la communication et à faire en sorte que le chantier avance sans que vous ayez à vous en préoccuper constamment. L’installation d’un simple plancher chauffant, par exemple, peut sembler simple, mais elle nécessite une expertise spécifique pour garantir la sécurité et la performance. Gérer soi-même ces aspects techniques, en plus de la logistique, peut vite devenir un fardeau écrasant.

L’économie réalisée sur le coût de la main-d’œuvre doit être mise en perspective avec la valeur de votre propre temps. Si vous devez prendre des jours de congé sans solde, si votre performance à votre véritable emploi diminue à cause du stress, ou si la rénovation s’éternise sur un an au lieu de deux mois, l’économie initiale est-elle toujours aussi intéressante ? Payer un entrepreneur, c’est aussi acheter de la sérénité et du temps pour vivre votre vie normalement pendant que votre projet se concrétise.

À retenir

  • Le véritable coût d’un projet DIY doit inclure les risques financiers (malfaçons, assurances), le temps de gestion et l’impact sur la valeur de revente.
  • La licence RBQ n’est pas une formalité. C’est votre principale protection, offrant un recours et un cautionnement en cas de problème.
  • Un contrat détaillé et des questions pertinentes lors de la sélection de l’entrepreneur sont vos meilleurs outils pour garantir un projet sans mauvaises surprises.

Le chantier de rénovation sans chaos : la méthode pour piloter vos travaux comme un pro

Que vous décidiez de gérer une partie des travaux vous-même ou, idéalement, de travailler avec un entrepreneur général, la clé d’un projet réussi réside dans une méthode de gestion rigoureuse. Un chantier de rénovation ne doit pas être synonyme de chaos, de stress et de dépassements de budget constants. Les professionnels suivent des processus éprouvés pour maintenir le contrôle, et vous pouvez vous en inspirer pour devenir un client averti et un partenaire efficace.

La première étape, avant même le premier coup de marteau, est une planification exhaustive. Cela va bien au-delà de simples croquis. Il s’agit d’avoir des plans détaillés, de choisir tous les matériaux de finition à l’avance (pour éviter les retards dus à des ruptures de stock) et d’établir un budget réaliste. Sur ce point, l’expérience d’un professionnel est inestimable. Comme le souligne une source du secteur, l’anticipation est la clé.

L’expérience montre que les imprévus peuvent facilement représenter 10 à 20 % du budget total. Mieux vaut les anticiper dès le départ.

– Plan Maison Québec, Guide complet pour les rénovations résidentielles au Québec

Cette marge pour imprévus n’est pas un aveu de faiblesse, mais une marque de professionnalisme. Elle permet d’absorber les surprises inévitables dans un vieux bâtiment (tuyauterie cachée, structure à renforcer) sans faire dérailler tout le projet. La communication est le deuxième pilier. Mettre en place un canal de communication clair et des points de suivi réguliers avec votre entrepreneur est essentiel pour éviter les malentendus. Un bref appel ou une visite de chantier hebdomadaire permet de valider l’avancement, de répondre aux questions et de prendre des décisions rapidement.

Votre feuille de route pour un chantier bien géré

  1. Établir un plan détaillé : Travaillez avec un architecte ou un designer pour obtenir des plans précis avant de demander des soumissions. Cela inclut l’emplacement des prises électriques et de la plomberie.
  2. Créer un budget avec une marge de manœuvre : Calculez votre budget total et ajoutez systématiquement une ligne de 15 % pour les imprévus. C’est non négociable.
  3. Obtenir les permis nécessaires : Assurez-vous que tous les permis municipaux sont obtenus avant le début des travaux. C’est généralement la responsabilité de l’entrepreneur, mais validez-le.
  4. Tenir un journal de bord : Utilisez un document partagé (Google Docs, Trello) pour consigner par écrit chaque décision, chaque changement et chaque accord. Cela évite les « je pensais que vous aviez dit… ».
  5. Instaurer un point de suivi hebdomadaire : Fixez un moment précis chaque semaine pour un appel de 30 minutes ou une visite de chantier avec l’entrepreneur.

Maîtriser ces principes de gestion vous permettra de vivre vos rénovations avec confiance et sérénité, en véritable partenaire de votre entrepreneur.

En définitive, voir l’engagement d’un professionnel comme un simple coût, c’est passer à côté de l’essentiel. C’est investir dans la compétence, la sécurité, la conformité légale et, surtout, la tranquillité d’esprit. C’est la garantie que votre projet, au lieu de devenir une source de stress et de risques financiers, se transforme en une plus-value durable pour votre patrimoine. Pour concrétiser votre projet avec la sérénité et la qualité qu’il mérite, la prochaine étape logique est de commencer à rencontrer des professionnels qualifiés et à demander des soumissions détaillées.

Questions fréquentes sur le choix d’un entrepreneur en rénovation

Pouvez-vous me fournir votre numéro de licence RBQ et les sous-catégories exactes?

Un entrepreneur légitime fournira immédiatement son numéro et expliquera ses sous-catégories. Vérifiez sur le site de la RBQ que la licence couvre bien vos travaux spécifiques, car une licence générale peut ne pas suffire pour des travaux spécialisés comme l’électricité ou la plomberie.

Quelle est votre police d’assurance responsabilité civile et le montant de couverture?

L’entrepreneur doit être en mesure de fournir une preuve d’assurance responsabilité civile valide, avec une couverture minimale de 2 millions de dollars. Il est conseillé de contacter directement l’assureur pour confirmer que la police est bien en vigueur pour la durée de vos travaux.

Comment gérez-vous les avenants de contrat pour changements et imprévus?

La réponse doit décrire un processus formel et écrit. Un professionnel sérieux expliquera que tout changement doit faire l’objet d’un avenant au contrat, avec un devis détaillé du coût et de l’impact sur l’échéancier, qui doit être approuvé et signé par vous avant l’exécution. Une réponse vague comme « on s’arrangera » est un signal d’alarme.

Rédigé par Martin Lavoie, Entrepreneur général chevronné avec plus de 25 ans d'expérience, Martin est une référence en matière de gestion de projets de rénovation complexes et de respect des normes de construction québécoises.